• Cloches naïves du muguet 
    Carillonnez ! car voici Mai !

    Sous une averse de lumière,
    Les arbres chantent au verger,
    Et les graines du potager
    Sortent en riant de la terre.

    Carillonnez ! car voici Mai !
    Cloches naïves du muguet !

    Les yeux brillants, l’âme légère,
    Les fillettes s’en vont au bois
    Rejoindre les fées qui, déjà,
    Dansent en rond sur la bruyère.

    Carillonnez ! car voici Mai !
    Cloches naïves du muguet !

    M. Carême


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  • Illustré par un tableau

    de Richard Boyer



    La fontaine épuisée


    La place du village est triste ce matin
    Car quelque chose y manque. Et bien que le soleil
    Y pose un peu partout moultes taches vermeilles,
    L’air y est lourd et triste ; on ne s’y sent pas bien.

    C’est Marius le bistrot qui a compris pourquoi :
    Il a poussé des cris, ameutant tout le monde ;
    On s’est précipité de partout à la ronde
    Pour connaître la cause d’un pareil effroi :

    C’était ce grand silence, si inhabituel !
    Plus de joyeux glouglous ni d’éclaboussement :
    La fontaine lassée, morte d’épuisement, ,
    Son joli pépiement enfui à tire d’aile,

    S’était tue dans la nuit. Elle ne coulait plus !
    Et elle gazouillait depuis tant de printemps
    Que son silence était un vrai chambardement…
    L’inquiétude a gagné venelles et grand-rue

    Car on vivait un drame impossible à admettre.
    On comprenait enfin à quel point la fontaine
    Était le sang si pur qui coulait dans les veines
    Du village insouciant dans son petit bien-être.

    Il lui fallait vraiment se remettre à jaser,
    Quitte à la supplier et tomber à genoux
    Pour que l’eau s’en revienne au pied du mont Ventoux…
    La fontaine endormie s’est fait un peu prier,

    Puis elle a éructé un très léger renvoi ;
    Une goutte… et puis deux… Et enfin un filet
    Très vite transformé en un énorme jet !
    Que d’applaudissements et de cris, quelle joie !

    Depuis ce jour d’été, on vient discrètement
    Lui offrir galamment de beaux bouquets de lys
    Tant on a peur qu’encor elle ne se tarisse !
    Les fleurs qu’elle préfère, a-t-elle dit aux gens…
    Yvette de Fonclare
      


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  • GRIMOIRE

    Oseriez-vous ouvrir ce grimoire

    Et découvrir ses secrets

    Pour connaître son histoire

    Qui nous vient d’un temps oublié

     

    Il fut écrit par un mage

    Il ne comporte pas d’image

    Mais une douceur dans ses mots

    Qui font de chaque page un tableau

     

    Où le jour se maria avec la nuit

    Et l’amour remplaça l’ennui

    Sur une terre qui était un paradis

    Où personne n’avait les yeux rougis

     

    L’homme y vivait en communion avec la nature

    Il n’avait pas cette folie de la démesure

    De la course à l’argent et au pouvoir 

    Qui plonge le monde dans le désespoir

     

    Au fil de son récit j’ai découvert la poésie

    Car il a apaisé mon cœur meurtri

    Et sut remplir de rêves mes yeux

    Pour qu’enfin je sois heureux

     

    Et vous qui ne croyez plus en rien

    Oseriez-vous vous libérer enfin

    Et revenir dans ce monde enchanté 

    Simplement en tournant cette clef…

    Georges Azzopardi


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  • Les poèmes de mon ami

    LE REFLET DE L’ÂME

    Dans la quiétude du soir
    Il est entré s’asseoir
    Au coin d’un feu crépitant
    Lui qui n’était qu’un passant
    Doucement il ôta son manteau
    Et murmura quelques mots
    Son visage était clair
    Et son allure fière
    Sa tête reposant sur sa main
    Il semblait serein
    D’un geste il m’interpella
    Puis me parla tout bas…
    « Sais-tu mon ami
    Que ce monde est un miroir
    Porteur de peines et d’espoirs
    Où le jour croise la nuit
    Le sourire et l’ennui
    Si tu regardes au fond des yeux
    Qu’ils soient tristes ou bien heureux
    Ils te diront des mots merveilleux
    D’ici à d’autres cieux
    Ils s’éclairent de cette douce lueur
    Quand ils sont le reflet du cœur
    Quelquefois ils s’assombrissent
    Quand les peines les meurtrissent
    Quand le cœur s’enflamme
    Ils sont le reflet de l’âme
    Ils peuvent être colère
    Du monde et de ses guerres
    Ils sont parfois rageurs
    Devant des enfants en pleurs
    Regarde dans ce miroir
    Et ne cesse jamais d’y croire
    Le meilleur est à venir …»
    Tels furent ses mots avant de partir
    Juste avec un sourire…

    Georges Azzopardi


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  •  

    Voici venir Pâques fleuries,
    Et devant les confiseries
    Les petits vagabonds s'arrêtent, envieux.
    Ils lèchent leurs lèvres de rose
    Tout en contemplant quelque chose
    Qui met de la flamme à leurs yeux.

     

    Leurs regards avides attaquent
    Les magnifiques œufs de Pâques
    Qui trônent, orgueilleux, dans les grands magasins,
    Magnifiques, fermes et lisses,
    Et que regardent en coulisse
    Les poissons d'avril, leurs voisins.

     

    Les uns sont blancs comme la neige.
    Des copeaux soyeux les protègent.
    Leurs flancs sont faits de sucre. Et l'on voit, à côté,
    D'autres, montrant sur leurs flancs sombres
    De chocolat brillant dans l'ombre,
    De tout petits anges sculptés.

     

    Les uns sont petits et graciles,
    Il semble qu'il serait facile
    D'en croquer plus d'un à la fois ;
    Et d'autres, prenant bien leurs aises,
    Unis, simples, pansus, obèses,
    S'étalent comme des bourgeois.

    Tous sont noués de faveurs roses.
    On sent que mille bonnes choses
    Logent dans leurs flancs spacieux
    L'estomac et la poche vides,
    Les pauvres petits, l'œil avide,
    Semblent les savourer des yeux.

    Marcel Pagnol

     

     


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